Avis sur le livre : El Ultimo Lector de David Toscana
Un roman à trois facettes.
El Ultimo Lector, le "lecteur ultime", c’est celui qui va chercher dans la lecture la source de toutes choses. Pour lui, toutes les réponses à toutes les questions sont dans les livres.
Lucio, bibliothécaire à Icamole, est un "Lecteur Ultime".
Le roman de David Toscana nous fait partager son approche du meurtre et de la disparition d’une fillette.
Cette thèse, absurde et sans intérêt, n’est pas le centre du roman.
El Ultimo Lector est un prétexte pour assener leurs quatre vérités aux écrivains qui se laissent aller à la facilité des descriptions superficielles, à un langage verbeux et imprécis, à une projection fantasmée d’eux-même dans leurs romans et des mises en scènes non crédibles de faits qu’ils n’ont pas vécu et croient pouvoir inventer.
David Toscana nous offre le plaisir de la dénonciation de ces écrivains de seconde zone qui polluent tant de rayonnages de bibliothèques.
La troisième facette de El Ultimo Lector est la description de ce petit village pauvre du Mexique et de ses habitants. Intéressante, avec une certaine force d’évocation, mais sans grande originalité.
Par contre, le gros défaut de cet ouvrage est le style, la forme.
Si les phrases sont bien écrites (remercions le traducteur au passage), elles sont toutes mises bout à bout, sans séparations. A première vue ce n’est rien. Mais très rapidement, nous ne savons plus qui parle. Somme-nous dans El Ultimo Lector ou dans une autre œuvre que l’on cite etc.. Cela rend El Ultimo Lector désagréable à lire. Alors que respecter les conventions simples d’ouvrir des guillemets et d’aller à la ligne est le B-A BA de la rédaction au collège !
Ce manque de considération de l’auteur pour son lecteur sera le seul véritable reproche que je ferais à El Ultimo Lector. Cela est d’autant plus dommage que, en plus du désagrément de lecture, cela fait perdre beaucoup d’impact et de force au roman.