Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

systar

  • Avis sur le livre : Jonathan Strange & Mr Norrell de Susanna Clarke

    Jonathan Strange & Mr Norrell de Susanna Clarke.JPGDisparition du primat de la politique comme moteur de l’Histoire, donc. Si l’Histoire raconte l’absence   de l’Absolu, et donc un manque, un creux, un écart, une distorsion entre tous les êtres et le plus haut de tous les êtres, comme entre le monde et entre ce que les êtres de l’Histoire peuvent en savoir, il faut bien expliquer cette absence.

    Dans le roman de Susanna Clarke, la réponse est éminemment littéraire, tant il est vrai qu’au fond, la conclusion de Jonathan Strange & Mr Norrell invite à penser que ce qui fait l’Histoire, ce qui provoque des événements irréversibles, c'est le livre. Certes, notre question initiale – quand il y a magie, peut-il encore y avoir histoire ? – est maintenue, tant il est vrai que le nerf du roman consiste en l’accomplissement de la prophétie mise en place, selon le doublet annonce/accomplissement, par John Uskglass, le roi-corbeau, pour orchestrer son propre retour. Une fois encore, le temps irréversible et dévorateur, le temps tragique, n’existe pas, ou, pour le dire autrement : le temps ne passe pas vraiment, puisque les morts ne meurent pas vraiment, mais peuvent être ramenés à la vie, ou être emmenés dans le royaume féerique. La disparition n’est pas consommation dans le temps, elle est seulement passage à un autre monde, à un autre plan de réalité, à un autre régime d’un unique Absolu, à un autre Royaume.

    "Jonathan Strange & Mr Norrell" nous plonge dans un univers où la magie côtoie l'histoire. Susanna Clarke a créé un monde dans lequel des magiciens exercent leur art pendant les guerres napoléoniennes. Les lecteurs seront transportés dans une époque où la magie se fait rare et où deux magiciens exceptionnels, Jonathan Strange et Mr Norrell, essayent de redonner vie à cette pratique perdue. L'attention portée aux détails historiques et l'imagination débordante de l'auteure créent une ambiance unique qui vous captivera dès la première page.

    Des personnages complexes et attachants:
    L'un des points forts du livre réside dans ses personnages remarquablement développés. Jonathan Strange et Mr Norrell sont des personnalités diamétralement opposées, ce qui crée une dynamique fascinante entre eux. Leurs interactions, parfois pleines de rivalité et de frustration, sont des moments de pur plaisir pour les lecteurs. Clarke a réussi à donner vie à des personnages réalistes et profonds, chacun avec ses propres motivations et désirs, les rendant incroyablement attachants.

    Toujours est-il que l’ontologie sous-jacente au livre de Susanna Clarke est basée sur le livre. Ce qui fait être les êtres, c'est le livre, et un livre en particulier : celui qui est tatoué à même la peau de Vinculus, le faux magicien mais vrai prophète.

    En réalité, le roman ne propose pas deux magies, ni donc deux mondes, ou encore deux ontologies. Il y a bien un monisme au commencement de tout, qui réside dans la personnalité de John Uskglass. Quelques rapides indices littéraires en témoignent. Les deux personnages du titre occupent les deux premières parties, mais la troisième qui réunifie l’ensemble porte bien le nom du roi-corbeau, et c'est dans un des derniers chapitres, porteur dans son titre du nom des deux magiciens, qu’on apprend réellement qu’ils ne sont que les éléments d’un plan prophétique plus vaste qui les a prévus, envoyés, pour restaurer la magie en Angleterre (il faudrait d’ailleurs commenter ce point très savoureux qui veut que la magie, qui engage tout de même les lois les plus intimes structurant tout ce qui est, est nationale, ou nationalisée, et qu’à la magie anglaise pluriséculaire répond une absence totale de magie française, ce qui provoque les défaites de Napoléon…). La dualité n’est qu’un mode de distribution de l’Absolu dans le temps, et qu’un dispositif mis en place par l’Absolu même pour recouvrer son entière souveraineté. Le négatif qui pourrait surgir dans le temps, comme un raté issu de ce plan d’ensemble, incarné par le gentleman aux cheveux d’argent devenu incontrôlable et cruel, sera finalement vaincu, et le plan exécuté.

     

    Jonathan Strange & Mr Norrell de Susanna Clarke

  • Critique du livre : Gagner la guerre de Jean-Philippe Jaworski

    dans Gagner la guerre, au beau milieu d’un déluge de scènes magnifiques, d’intrigues de palais toutes florentines, le tout illuminé par un style d’une justesse et d’une fluidité confondantes, on voit surgir une explication sur le fonctionnement de la magie qui sollicite la notion de plérôme, fait intervenir des hypothèses d’interaction quasi universelle entre tous les étants, définit la « magie » en termes d’harmonie. Bref : on est d’emblée immergé dans l’Absolu, avec lequel on a couramment commerce (Sassanos et la sorcière tout spécialement), le vocabulaire employé renvoyant à la théologie, et à une théologie positive. Jamais l’Absolu ne s’enfuit, ne se voile, ne s’érode réellement.

    Dès les premières pages, Jaworski nous plonge dans un univers fantastique à part entière, celui de la République de Ciudalia. C'est un monde où les intrigues politiques se mêlent aux guerres de clans, où les manigances et les complots sont monnaie courante. L'auteur parvient à créer une atmosphère unique qui saisit immédiatement le lecteur et le transporte dans un voyage inoubliable. 
    L'histoire nous entraîne aux côtés de Benvenuto Gesufal, un personnage aussi charismatique que complexe. À la fois homme de main, espion et poète, Gesufal navigue entre le bien et le mal, suscitant à la fois admiration et rejet. Cette dualité rend le personnage profondément humain et nous pousse à nous interroger sur la nature de la moralité et de la loyauté.

     
    La plume de Jaworski est tout simplement envoûtante. Son style riche en détails et en émotions captive dès les premières lignes. L'auteur manie les mots avec adresse, créant des dialogues vifs et des descriptions visuelles qui nous transportent directement dans l'action. Chaque phrase est ciselée avec soin, ce qui rend la lecture de ce livre une expérience littéraire unique. L'intrigue de "Gagner la guerre" est une œuvre d'art en soi. Les rebondissements inattendus et les retournements de situation vous laisseront sans voix. Jaworski tisse habilement les fils de l'intrigue, sans jamais perdre le lecteur en chemin. Chaque chapitre amène son lot de suspense, nous obligeant à tourner frénétiquement les pages. C'est un véritable page-turner qui ne déçoit jamais.

     
    En conclusion, "Gagner la guerre" de Jean-Philippe Jaworski est un livre qui ne peut pas être passé sous silence. Avec son univers fantastique, son protagoniste complexe, son style d'écriture captivant et son intrigue palpitante, il est clair que Jaworski a réussi à créer une œuvre littéraire d'exception.

     

    Gagner la guerre de Jean-Philippe Jaworski

  • Critique de la trilogie : Nessy Names, de Michèle Gavazzi

    Tome 1 – La malédiction de Tiens

    Pour la protéger, le Grand père de Nessy Names, une jeune fille conçu de façon naturelle, l’envoi dans une école où les enfants son conçu en laboratoire. Pendant que Nessy développe son individualité, les enfants de son école tombent comme des mouches, atteint d’une maladie dont aucun scientifiques ne trouvent l’origine.

    Nessy est une rebelle envoyée dans une école où tout ce qui est hors norme est réprouvé, où évoluent des enfants génétiquement programmés pour être ultra performant, ceci donne une excellent anticipation pour la jeunesse, mais qui peut aussi intéresser les adultes. On y trouve quelques faiblesses : Pourquoi la maladie atteint plus de garçons que de filles? Comment les scientifiques auraient-ils pu passer à côté des causes de la maladie? Mais ceci ne sont que des détails car dans l’ensemble le roman est bien écrit, Michèle Gavazzi a le sens du suspense. Elle joue de sa plume à plusieurs niveaux, politique, psychologique, scientifique.

    À ce point ci du récit l’on se demande s’il est légitime d’insérer une pointe de fantastique à ce roman d’anticipation. Nessy Names possèderait des dons grâce auxquelles elle serait l’une des enfants qui conduira la révolution. J’avoue avoir des problèmes avec le mélange des genres science-fiction et fantastique. Un Space Op peut posséder une pointe de fantastique, mais une anticipation doit toujours rester crédible, sinon l’on tombe dans le fantastique. Serait-ce une série fantastique se déroulant dans un monde anticipé? La suite nous le démontrera.

     

    Tome 2 - La Terre sans mal

    Michèle Gavazzi possède une culture riche et diversifiée. Née en Uruguay d’un père Italien, l’auteure a recours et joue de ses connaissances géopolitiques, ses racines sud-américaines, ce qui fait selon moi la richesse de ce second tome. Celui-ci tombe entièrement dans le fantastique.

    Maintenant consciente de ses dons et de sa mission, rétablir l’équilibre des forces planétaires, la fugitive retrouve, après un long périple, son père, le chaman de la Terre sans mal, une zone ou les multinationales n’ont pas encore pris possession des patrimoines génétiques originaux. Les rebelles se préparent à l’invasion des armées qui tentent de capturer Nessy qui possèderait le gène Boto susceptible de guérir toutes les maladies.

    Que d’action dans ce second roman! L’auteure écrit d’une plume nerveuse, le récit comporte des moments forts, des confrontations et des rapprochements entre les personnages. J’aime son écriture, elle a beaucoup d’imagination, c’est une originale qui se démarque. Une nouvelle écrivaine à surveiller.

     

    Tome 3 – Le Pachakuti

     

     

    Nessy Names, de Michèle Gavazzi, 

    Éditions du Porte-Bonheur
    Collection La clef
    Année : 2005-2007

  • Critique de The Hunger Games

     Bon, passons aux choses sérieuses. Je le sens, je le sais, je vais décevoir certain(e)s d'entre vous. Surtout Dolore  et  .Moon, qui m'ont poussée à lire ce roman. Autant le dire d'entrée : je n'ai pas trouvé ça terrible. Chez vous ça a été un vrai coup de coeur, chez moi rien de plus qu'une lecture détente. Je ne me suis pas ennuyée une seconde, mais j'ai vraiment trouvé qu'il ne méritait pas tout le tapage qu'on fait pour lui (en même temps, c'est le cas de tous les succès médiatiques je pense, même ceux que j'aime !). Avant de me lancer dans ma critique, je vais rappeler l'histoire pour ceux et celles qui ne connaissent que de nom.

    Les Hunger Games sont un évènement organisé chaque année depuis trois quarts de siècle par le Capitole, l'instance dirigeante du pays de Panem, né des cendres de l'Amérique du Nord. Panem était divisé en treize district, mais le treizième s'est rebellé et cette révolte fut réprimé dans le sang. Pour s'assurer que les autres districts n'essaient pas à leur tour, les Hunger Games viennent chaque année rappeler la toute-puissance du Capitole. A la Moisson, deux tributs de chaque district, un garçon et une fille, sont choisis parmi la population des 12-18 ans. Les 24 tributs sont ensuite réunis dans une arène créée spécialement pour les Jeux et ils doivent s'entretuer, jusqu'à ce qu'il ne reste qu'un tribut, le vainqueur, qui sera couronné de gloire et de richesses. L'histoire commence à la Moisson qui va voir commencer les 74ème Hunger Games, et c'est Prim, une petite fille de 12 ans qui est tirée au sort. Sa soeur aînée, Katniss, se porte volontaire comme tribut et prend sa place.

    http://sans-grand-interet.cowblog.fr/images/Livres/hungergamessuzannecollins-copie-1.jpgA partir de maintenant, je critique, et attention, je préviens, de vais faire des spoils, mais je ne pense pas que ce sera très dérangeant car les personnes qui me liront sur cet article seront surtout celles qui ont déjà lu le roman. Katniss est la narratrice. Manque de bol, dès le début je ne l'ai pas aimée. Je la trouve tellement entêtée, tellement fière, et dans le mauvais sens du terme. C'est manifeste qu'elle est folle de Gale mais non, ils font comme si de rien.

    Mais le mariage sera pour plus tard...

    A côté de ça, elle est présentée comme quasi-parfaite. Ses défauts sont masqués, oubliés par sa dévotion pour sa soeur et son habileté à la chasse et à tout un tas de trucs. J'ai beaucoup lu comme éloge sur ce roman son "originalité". Ça me paraissait un peu étrange que jamais personne n'ait eu cette idée.En lisant le roman, j'en parlais à chéri, qui se demandait ce que c'était. Et il m'a tout de suite dit "c'est comme Battle Royal", un gros succès au Japon également très connu en France apparemment (mais je ne connaissais pas du tout). J'ai jeté un oeil, et ce n'est pas tout à fait pareil bien sûr, mais c'est vrai que le thème est déjà traité. Je n'ai pas été estomaquée par l'histoire, par l'idée. Après, le premier tome n'effleure que le fond de l'histoire je pense, car les deux suivants vont sûrement développer le fonctionnement du Capitole, ses magouilles et tout. En tout cas j'espère, sinon ça restera très superficiel. En parlant de superficialité, l'auteure ne s'est pas foulé sur l'histoire d'amour, les sentiments de son héroïne et tout ça. Après, eut-être qu'une fois dans l'arène elle n'a pas trop eu le temps de penser à ça, et vu le court extrait du deuxième tome que j'ai lu, il semblerait que le triangle amoureux soit un élément important dans l'intrigue du tome 2.

    Les personnages en général sont assez manichéens je trouve. Les gens des districts sont bons, moches parce qu'ils triment mais beaux quand même, ceux du Capitole sont méchants et refaits de partout, maquillés outrageusement, avec des tenues qui semblent bien ridicules. Il n'y a que Rue que j'ai bien aimé, et c'est a seule à m'avoir tiré une émotion de tout le roman. Cinna me paraît sympathique, il a l'air d'être un "vrai gentil parmi les méchants", mais là encore, c'est un peu facile. C'est mon reproche principal je crois : tout est un peu trop facile. Je n'ai pas douté un moment que Katniss s'en sortirait, qu'elle serait vainqueur des Jeux, sinon il n'y aurait plus d'histoire. Beaucoup de choses sont prévisibles, évidentes. Les Hunger Games sont censés être horriblement cruels, et pourtant on ne ressent pas ça du tout. Pas de peur, pas de tension pour moi. Juste l'envie de savoir comment elle va s'en sortir, par quels moyens. C'est ça qui m'a poussée à lire le bouquin en trois jours. Je me demandais par quel tour de passe-passe elle gagnerait. D'ailleurs, la scène de fin avec les espèces de chiens mutants étaient à mes yeux ridicules. L'auteure n'a pas été assez loin. En visant un public adolescent, elle s'est auto-censurée je pense, en disant "il ne faut pas choquer". Mais j'y aurais davantage cru si j'avais été dégoûtée, révoltée par le sort réservé à tel ou tel tribut. Cato meurt dans d'atroces souffrances, mais c'était le plus méchant, alors on s'en fout ! Si c'était Rue qui était morte ainsi, ça n'aurait pas été pareil... Vous voyez ce que je veux dire ? Par contre, de ce fait, c'est un roman parfaitement prêt pour une adaptation au cinéma. L'écriture du scénario a dû être très aisé car Suzanne Collins ne s'est pas embarrassée à écrire joliment. Elle écrit, c'est tout. Au présent, par la bouche de Katniss, elle dit qu'il se passe ça, ça, puis ça. Ce qui fait que c'est une lecture très accessible, très rapide, ouverte à tous à partir de 10 ans dirais-je.

    J'ai bien aimé, mais pour cela il a fallu que je le prenne comme une lecture jeunesse, pour ado, plus vraiment "de mon âge". Ou alors c'est moi qui suis trop vieille dans ma tête (dit celle qui refuse catégoriquement d'avoir 21 ans). J'ai pris l'habitude de lire des romans très longs (Hunger Games fait 400 pages, mais c'est imprimé en gros, et il y a de grandes marges), où l'écriture est autant travaillée que l'histoire si ce n'est plus. Bien sûr j'ai relu récemment deux trilogies de Pierre Bottero et j'ai apprécié de m'y replonger, mais je suis plus critique qu'avant, je ne lis ou relis ce genre de romans que lorsque j'ai besoin de faire une pause dans les bouquins de lecture un peu ardue quoique délicieuse. Il n'y a que les Harry Potter qui échappent à mes critiques négatives, mais c'est dû à ce qui me lie à ces romans. Hunger Games a rempli exactement ce rôle de pause. Je ne me dépêtrais pas des deux gros romans qui sont sur ma table de chevet depui un moment, j'avais besoin de lire autre chose pour pouvoir repartir de plus belle et c'est ce que j'ai fait. Donc si vous vous posez cette question insoutenable, oui, mille fois oui, j'achèterai la suite de Hunger Games et la lirai ! Parce que malgré ce que j'en ai dit de négatif, c'est sympathique à lire, c'est bien fichu, bien mené puisque j'ai envie de savoir la suite. Et j'irai au ciné pour voir ce que donne l'adaptation. S'il y a une bonne musique, y'a moyen que ça pète ! Pas trop déçu(e)s ?

  • Avis sur Bilbo le hobbit de J. R. R. Tolkien

    J'ai enfin pu finir Bilbo. Enfin ! J'en ai vraiment ras-le-bol des révisions et des examens, mercredi ce sera fini, et pour ma peine je passerai une partie de l'après-midi et une soirée avec N., une de mes plus vieilles amies (c'est-à-dire que notre amitié remonte à la première année de lycée, j'ai pas avant), et on va se mater des adaptations de la BBC des romans de Jane austen (sûrement Emma et peut-être Orgueil et préjugés).

    J'ai également le plaisir de vous dire que j'ai créé un nouvel habillage, qui s'appelle "Brave", car son thème est le prochain Pixar, appelé Rebelle en français, dont je vous ai déjà parlé, et dont je parlerai peut-être encore parce que j'ai vraiment trop hâte qu'il sorte ! Que pensez-vous de ce nouvel habillage ? Il vous plaît ? J'en profite pour rappeler que j'ai mis en place dans les modules tout un système qui permet normalement de naviguer facilement dans le blog, j'espère que vous l'utilisez =) A moins que ce ne soit pas pratique du tout...? Auquel cas il faut me le dire !

    Maintenant, passons à Bilbo le hobbit. C'est l'un des premiers romans de Tolkien à avoir été publié il me semble, et le premier qui se situe dans l'Univers de la Terre du Milieu, même si cela ne transparaît pas forcément à sa lecture, car l'auteur n'avait pas encore développé réellement son univers. Ainsi, il existe des sortes de dissonance avec ce que l'on trouve dans Le Seigneur des Anneaux. Pour ne donner qu'un exemple, Elrond n'est dans Bilbo qu'un "ami des Elfes", pas un elfe lui-même, mais il vit dans une "Maison simple" à Rivendell (Fondcombe). En creusant son univers et ses personnages, Tolkien va les faire évoluer. Ainsi, Elrond est finalement un semi-elfe qui a choisi l'immortalité, le côté elfe donc.

    Pour vous faire un petit synopsis, Bilbo est un hobbit tranquille, lorsqu'un jour survient Gandalf, un magicien bien connu dans la région, qui lui parle d'une aventure avec des nains. Le lendemain, treize nains arrivent chez Bilbo, et il finit par s'embarquer avec eux à la recherche du trésor de la famille de Thorïn Oakenshiled (Ecu-de-Chêne), gardé par le dragon Smaug deuis des années au creux de la Montagne Solitaire. Commence alors un long voyage, qui sera très éprouvant pour toute la compagnie !

    Ce roman est souvent considéré comme un ouvrage pour la jeunesse, et je suis d'accord dans le sens où la lecture en est plus aisée que celle de l'oeuvre majeure de Tolkien, Le Seigneur des Anneaux. Je me souviens avoir essayé de le lire lorsque j'étais encore très jeune, et je n'avais pas réussi. La lecture était trop ardue, trop lente, trop descriptive à mon goût. Mais j'ai grandi, évolué, et aujourd'hui je lis des romans tout aussi "difficiles", donc Bilbo était mon introduction au monde littéraire de Tolkien, et ça m'a plu. Le côté "jeunesse" se retrouve aussi dans l'humour soulevé par les réflexions internes de Bilbo et les nains, leurs remarques, leurs gestes et leurs tenues (des capuchons de toutes les couleurs !). J'ai tout de même été soufflée à certains moment par la virtuosité de l'écriture de Tolkien dans des passages alliant action et description précises. Au début, l'histoire est assez prévisible, mais la fin surprend davantage. Je regrette simplement de n'avoir pas pu en profiter pleinement, d'avoir dû le lire dans un contexte de stress et d'anxiété lié aux examens. Il s'agit de fantasy pure, comme j'aime. J'étais au départ un peu chamboulée de ne pas retrouver mes repères du Seigneur des Anneaux (je connais les films par coeur), mais comme je le disais, Bilbo n'est que le début, ça ne m'a finalement pas dérangée. Je suis très impatiente d'avoir le temps de me plonger dans la trilogie !

     

     Bilbo le hobbit de J. R. R. Tolkien, Collection : Le Livre de Poche
    320 pages
    Prix : 6€

  • Chronique du polar : En Petites Coupures , de Ed MCBAIN

    Le jeune Lewis, fils de Carmine Ganucci, a disparu. Un beau matin, Nanny ne le trouve pas, ni dans sa chambre, ni dans le reste de la propriété. Les parents sont en Italie, et de toute façon mieux vaut ne pas prévenir le père, si l’on ne souhaite pas faire une baignade dans le canal. Nanny fait donc appel à un cinquième couteau pour l’aider, Benny Napkins.

     En Petites Coupures — billets de cent, ou billets de un dollar, voire vingt-six cent cinquante — est un roman noir prétexte à une savoureuse galerie de portraits. Ed McBain s’attaque au charmant et désopilant monde de la pègre américaine des années soixante-dix, du plus haut de l’échelle au plus bas, en passant par les hommes de main et les avocats, sans oublier l’officier de police corrompu. Cela fait une joyeuse bande de mauvais sujets tous moins honnêtes que les autres — vendeurs de poupées ou joueurs de poker. Paradoxalement, le kidnappeur paraît être le plus innocent de tous les personnages épinglés par l’auteur.

    McBain a écrit avec ce roman un texte loufoque. La narration suit tout d’abord les efforts de Benny Napkins pour réunir l’argent de la rançon, puis saute de personnages en personnages, souvent caricaturaux, souvent pitoyables, parfois dans des situations "daliennes". Ce pourrait n’être que distrayant, c’est jubilatoire.

    « Il avait été si près, si près, de mettre la main sur l’argent de la rançon ! Si seulement la Mule n’avait pas été une telle mule. Mais évidemment comme c’était lui qui avait eu l’idée de rafler le pognon, il ne pouvait guère rendre responsable ce pauvre être, qui s’était contenté de suivre les instructions — sauf que le pauvre était un salaud parfaitement malhonnête qui avait sans doute décidé de tout garder pour lui. Enfin, nous commettons tous des erreurs songea Benny. Comme cette fois-là à Chicago… »

    Parce que McBain dote ses personnages d’un passé d’erreurs — qui n’a jamais commis d’erreur ? — qui les rend magnanimes, et nous les rend sympathiques. Parce qu’il fait œuvre d’une narration rapide et enlevée aux dialogues absurdes — Nanny tentant de soutirer à Snitch, indicateur patenté, des informations, tandis que Snitch essaye de découvrir ce que sait Nanny, afin de vendre l’information au lieutenant Bozzaris. Parce qu'en dépit de la profusion des personnages, en dépit des situations qui sont autant de scènes, McBain ne perd le fil de son histoire à aucun moment et fait, une nouvelle fois, preuve d’une remarquable intelligence romanesque.

    Si vous avez un peu le blues, En Petites Coupures est le roman idéal pour déclencher le sourire. Son immersion dans le monde de la pègre rappelle l’univers que Westlake a créé autour du cambrioleur Dortmunder. Mais, là où Westlake dépeint des voleurs malins mais malchanceux, McBain dresse le portrait au vitriol de malfrats pétris de bêtise mais chanceux. Dans le monde de la pègre d’Ed McBain, la bêtise est la chose la mieux partagée, les hommes sont rapaces, d’autant plus que les sommes sont modiques, les femmes ne connaissent que la position allongée.
    La noirceur n’est pas dans l’intrigue ou les personnages, elle est dans le traitement romanesque de l’une et des autres.

    En Petites Coupures , de Ed MCBAIN , Gallimard / Série Noire - Novembre 1971