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systar - Page 6

  • Les chemins de poussière, tome 1 : SABA Ange de la Mort – Moira Young

    Franchement, au départ j’avais quelques craintes. Je ne pensais pas accrocher plus que ça. Mais ne dit-on pas qu’il ne faut pas se fier aux apparences ? Parce que j’ai beaucoup aimé ! Et par dessus tout l’atmosphère post-apocalyptique qui plane comme une brume épaisse. Pour vous planter le décor, nous sommes bien loin des années 2000. Quand exactement ? On ne le sait pas. Mais ce qui est sûr c’est que notre civilisation moderne a disparu laissant quelques vestiges comme des ruines de gratte-ciel ou des objets miraculeusement échappés aux assauts du temps et de la décomposition. Nous sommes bien mal aimés, nous les habitants des temps modernes, puisqu’on nous appelle les Destructeurs… Vous l’aurez compris, l’auteure pointe du doigt la société actuelle en envisageant un avenir bien sombre… mais peut-être pas impossible !

    Saba, son jumeau Lugh et sa petite soeur Emmi vivent dans un abri fait de brics et de brocs avec leur père. La sécheresse fait rage mais la jeune fille est sereine et heureuse puisqu’elle est avec son frère, son opposé, son double, qu’elle admire et ne lâche pas. Jusqu’au moment où celui-ci est enlevé brutalement par de sombres inconnus. S’ensuit une épopée digne de films comme Waterworld avec Kevin Costner (fiche allociné) ou Madmax avec Mel Gibson (fiche allociné).

    Je dois dire qu’il faut un petit temps pour s’adapter à l’étrangeté et au style de ce roman. Etrangeté parce que tous nos repères sont chamboulés, le monde a changé, il ne subsiste plus que quelques groupes d’individus qui survivent dans ce décor de fin du monde. Les lois n’ont plus cours et les dérives sont légion. Chacun pour sa pomme, le but est de se nourrir et de ne pas se faire tuer ! Certaines choses sont même complètement loufoques ! Un bateau retapé parcourt une mer de… sable ! Et on ne fait plus de combats de coqs mais des combats… d’humains ! Parfois, j’ai quand même trouvé que ça allait un peu loin, surtout que je ne suis pas particulièrement friande des épopées d’aventures comme celle-ci.
    Le style, quant à lui est particulier et je dois dire que j’ai été prévenue par les autres chroniques avant lecture ce qui m’a peut-être empêchée d’en être gênée. Saba nous conte son histoire au présent, nous sommes complètement dans sa tête et les mots sont les siens. Forcément, l’éducation se fait sur le terrain et elle ne sait ni lire ni écrire… Mais j’ai beaucoup aimé cette jeune fille courageuse, sa fierté, ses blessures, ses doutes, ses contradictions et les liens qui l’unit à son frère et à sa petite soeur. 

     

     

  • Eat the Document , Dana Spiotta

    eat-document.JPGTrente ans après avoir dû prendre la fuite après une action violente contre la guerre du Vietnam, Mary Whittaker vit, sous un de ses multiples noms d'emprunt, dans une banlieue tranquille avec son fils de 15 ans, Jason. Celui-ci, qui ignore tout du passé de sa mère, atteint l'âge où, précisément, l'on veut en savoir davantage.

    Dans un autre quartier, un anarchiste, Nash, gère une librairie qui sert de lieu de rencontres et de débats à une pléiade de groupuscules contestataires.

    Superbe roman sur l'engagement, la mémoire, mais aussi sur le doute et la culpabilité, Eat the Document réunit deux époques que tout semble séparer.

    La présentation de ce roman, en quatrième de couverture, est, comme toujours chez Actes Sud, réalisée avec talent. Qu'il soit cependant permis au lecteur d'avoir un avis divergent sur la note suivante, qui voit dans le livre un subtil et puissant tableau du déclin de tous les radicalismes. Dans les années soixante, les radicaux américains avaient coutume de dire : "ou vous êtes une partie du problème, ou vous êtes une partie de la solution". Les réunions chez Nash (dont la description n'est pas dénuée d'humour) ne prouvent-elles pas, au contraire, que le feu couve toujours sous la cendre ?

    « Eat the Document » par Dana Spiotta, Actes Sud.

  • Lecture de Alera, Tome 2 : Le temps de la vengeance

    le-temps-de-la-vengeance.JPGLe premier tome était déjà un livre formidable, très bien écrit, passionnant et fluide, le deuxième ne lui fait pas défaut.

    Les personnages prennent en dimension, Alera s’affirme, Steldor évolue, Narian reste mystérieux et Cannan est mon coup de coeur !  Ce père, ce capitaine si dure et si froid devient ici un être remarquable !!

    L’histoire est envoutante, passionnante, on ne s’ennuie pas un instant, et c’est avec beaucoup de mal que j’ai réussit à fermer ce tome pour me coucher le soir. L’histoire en plus d’être passionnante est très bien écrite, on sent une amélioration de la part de cette jeune auteur qui écrivait déjà très bien, mais s’affirme désormais !

    De plus, on se sombre pas dans le tout va bien, la facilité ou les solutions à la va vite, chaque moment de l’histoire est logique, poussé et bien intégré à celui qui le précède et celui qui le suit, en soit c’est un régal de découvrir chaque ligne.

    Si vous avez aimé le tome 1, vous adorerez le tome 2.

    Lecture de Alera, Tome 2 : Le temps de la vengeance, Edition MSK, 17€60

     

  • L’invention de soi. Une théorie de l’identité - Jean-Claude Kaufmann

    invention-de-soi-kaufmann.JPGDans L’invention de soi, Jean-Claude Kaufmann n’invente pas un nouveau paradigme. Il fait presque mieux. Il retrace l’historique et propose une théorie de l’identité pour notre société en pleine mutation. Il fait du neuf avec du vieux en redonnant à ce concept passe-partout la rigueur et l’élan qu’il avait perdus. Il fabrique un instrument clé pour comprendre la modernité, une grille d’interprétation lumineuse pour un monde déboussolé où tout un chacun, seul ou avec d’autres, cherche sa voie, son idole, sa vérité, un absolu, un sens à la vie, un sens à la sienne, et son chat..., afin de combattre le nouveau mal du siècle, l’effondrement psychologique.

    Bien sûr, on pourrait reprocher à l’auteur son empressement à faire de l’identité un principe universel d’explication du moi et du monde, la cause de toutes les dépressions individuelles, voire de toutes les guerres. Et la profession de foi véhémente en l’ONU et au multilatéralisme qu’il fait, en conclusion, pour briser les enfermements nationaux ou communautaristes mortifères paraît idéaliste. Même s’il avoue, dans un long post-scriptum sur la situation du monde actuel, que seule une nouvelle utopie, engendrée par la passion retrouvée de la raison et du savoir, pourrait nous sauver.

    Quoi qu’il en soit, Kaufmann a le courage de défier les conventions et les barrières des sacro-saintes spécialités. Il ose s’aventurer à jeter de nombreuses passerelles entre l’histoire, la politique, la psychologie et la sociologie, tout en demeurant conscient des dangers du mélange des genres et des pièges de la subjectivité. Ce faisant, il choisit de prêcher par l’exemple en montrant, à travers l’élaboration souvent très personnelle de son propre discours, que «l’invention de soi» relève avant tout de l’audace et de la créativité et qu’il faut prendre des risques pour aménager un peu d’espoir dans un monde voué aux malheurs de l’autodestruction.

    Voilà un beau livre, généreux, documenté, enraciné dans l’actualité, exigeant sans doute, mais essentiel, bourré d’observations, d’intuitions, de références, d’autoréférences à l’œuvre de l’auteur et d’exemples éclairants, qui propose, entre raison et passion, entre sociologie et psychologie, entre les faits et leur mise en théorie, un moyen efficace de réflexion et d’action au petit Ego désarçonné, au bord de l’épuisement: «Cet impossible personnage qu’on est. Quelle bêtise d’être soi-même. Quelle inévitable imposture, d’être qui que ce soit!» (1)

    (1) Philip Roth, La bête qui meurt, Gallimard, coll. «Du monde entier», 2004, 144 p., p.70.

     

  • Le miroir aux vampires – Fabien Clavel

    miroir-vampires.JPGJe me suis pris d’affection pour les personnages et pour l’ambiance, et j’avoue que surtout, ça fait du bien de se replonger dans les années lycée ! Cette partie de notre vie tellement importante et particulière et qui passe tellement vite ! J’ai souri, je me suis retrouvée parfois, j’ai grincé des dents… Bref, j’ai passé un bon moment ! De plus, l’auteur (masculin) a vraiment su entrer dans la tête d’une ado de Terminale, c’est assez rare pour être souligné !
    Les pages sur le blog de Cerise, la fille la plus populaire du lycée mais tellement superficielle ajoutent un petit peu d’air frais (ou pas !), on ricane de ses fautes d’orthographe et de son égo surdimensionné…

    Le côté fantastique ou plutôt devrais-je dire vampirique donne du piment à l’ouvrage. J’ai aimé la représentation que ces créatures ont des humains, assez cynique mais relativement juste….
    Certaines choses en revanche, m’ont parues peu crédibles et j’avoue avoir eu du mal à me retrouver dans les explications de la fin.

    Le ton est résolument moderne, Léa s’exprimant avec un vocabulaire de son âge mais le tout est fluide, facile à lire et même bien agréable.

    Malgré, donc, quelques petites déconvenues et un rythme un peu lent, je trouve que ce roman est intelligent (la montée insidieuse du totalitarisme en particulier ou encore l’effet de groupe…). Sous des dehors divertissants, une vraie réflexion s’impose. La touche de fantastique est intéressante (bien que parfois confuse, j’ai trouvé) et je lirai certainement le deuxième tome surtout que j’ai vraiment pris plaisir à parcourir le premier.


    De plus, malgré son grand format, ce roman ne vaut que 13 euros ! C’est assez rare pour être souligné.

  • Wisconsin de Mary Relindes Ellis

    Si j'adore la littérature anglo-saxonne contemporaine, c'est grâce à des romans comme celui là. Wisconsin est le premier livre de Mary Relindes Ellis et presque tout y est: une histoire émouvante, un style si agréable que l'on se surprend à lire à vois basse, pour le plaisir des mots, des wisconsinpersonnages attachants, qu'on adore ou qu'on déteste. Bref, le b.a ba de la littérature, à savoir RACONTER UNE HISTOIRE et y entraîner son lecteur.

    Wisconsin, c'est l'histoire de deux familles, sur fond de guerre du Vietnam et d'Amérique profonde. D'un côté, les Lucas, prototype de la famille où il fait bon...de ne pas être né. De l'autre, les Morriseau, couple sans enfants et profondément humaniste.

    La guerre est l'axe autour duquel tournent le vécu et les séquelles des protagonistes. Mensonge, détresse de l'attente, deuil, souffrance physique et morale mais aussi renaissance sont évoqués tout au long de ces belles pages. Un beau roman, prenant et finalement, résolument optimiste.

    Mon conseil: sans hésiter, demandez le à votre gentil libraire...