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systar - Page 8

  • La Perte en héritage de Kiran Desai

    heritga.JPGAlléchée par les critiques enthousiastes, je me suis précipitée sur ce bouquin de l'Indienne Kiran Desai. Depuis Treize mers et Sept rivières, autre oeuvre phare de la jeune littérature indienne, j'ai ce pays à l'oeil. J'avoue que les thèmes traités sont un peu toujours les mêmes: la double culture, le retour aux sources, l'attirance pour l'Angleterre qui peut conduire au mépris de soi et de sa race, etc...

    Dans La Perte en Héritage, c'est traité avec talent. Il y a le vieux juge indien qui se veut si désespérement anglais, l'humble cuisinier dont le fils, parti tenter sa chance à New York, vit le calvaire des clandestins, l'étudiant qui se découvra des passions nationalistes...

    Une belle peinture de moeurs, donc. Et une aussi belle galerie de personnages. Pourtant j'ai décroché vers les deux tiers du bouquin et je l'ai fini en diagonale. La faute aux longueurs qui plombent, ici et là, l'intérêt du récit.

    Dans le même genre mais plus réussi, je vous conseille sans hésiter Treize mers et Septs Rivières, déjà cité plus haut.

  • lecture de Cadavre d'état

    etat.JPGCe livre est l'occasion d'une double première. Il est en effet rare que je sois amené à parler d'un livre avant sa parution. Pour " Cadavre d'état " cette possibilité m'est offerte par l'éditeur, Carnets Nord.
    C'est aussi la première fois que je parle d'un polar qui se déroule dans le milieu politique. C'est étonnant car ce milieu semble un terrain plutôt favorable aux machinations, trahisons et intrigues, terrains naturels et habituels des problématiques policières.
    On y suit Coralie Le Gall, commissaire en charge d'une enquête sur le meurtre d'un conseiller du 1er Ministre, qui plus est dans un ministère.


    Comme de bien entendu, le commissaire Le Gall est en froid avec sa hiérarchie, en lutte contre la société, etc.
    De ce côté, Claude Marker colle parfaitement aux stéréotypes du polar.
    Quant à l'histoire, elle a le mécanisme classique de David contre Goliath. Mais c'est un ressort dramatique qui convient bien au milieu politique.


    " Cadavre d'état " est donc une enquête pour meurtre qui se double d'une dimension politico mafieuse. L'enquête est bien menée et est centrée sur la personnalité de la victime. Elle se double de différents rebondissements et complications qui rendent intéressant la recherche du coupable.
    Mais le plus intéressant dans ce livre n'est pas l'assassin mais le mobile. On se doute en effet qu'il mêle politique, argent et quête du pouvoir.
    La description du milieu politique est, par contre, décevante. Elle reste superficielle et caricaturale.
    Car c'est le plus étonnant dans ce polar.
    Marker est présenté comme un connaisseur du milieu politique mais c'est dans l'intrigue policière qu'il est le meilleur. L'aspect politique est en effet réduit à une description succincte des palais de la République et - plus gênant pour la lecture - à une dénonciation violente, inutile, un brin populiste, des élites qui n'a pas sa place ici.
    Toutefois, quand Marker fini par faire se rejoindre les deux univers, il nous propose un dénouement étonnant et relativement inattendu.

    Les plus :
    - Un épilogue réussi
    - Une intrigue policière qui se tient.

    Les moins :
    - Un style (l'argot) qui semble plus sorti du dictionnaire que véritablement acquis.
    - Trop d'attaques disgressives sur le milieu politique.

    Cadavre d'état
    Auteur : Claude Marker
    Titre : Cadavre d'état
    Editeur : Carnets Nord
    401 pages ; 18 euros.

  • Avis sur la biographie : Un père, de Sibylle Lacan

    medium_un_pere.jpgIl est possible que cette lecture m'ait été dictée par de vils sentiments, tel, par exemple, un inavouable désir de vengeance contre celui qui a visiblement décidé de me persécuter personnellement en se rendant de son plein gré totalement incompréhensible... Que ce génie, qui bouleversa la psychanalyse en France un peu à la manière d'un Carl Gustav JUNG (voir psychologie et alchimie) mais qui fit le choix délibéré de son opacité fut aussi un père médiocre me le rend peut être plus humain et du coup moins inaccessible...

    Toujours est il que si Lacan et son oeuvre difficile encore et toujours déchainent les passions, entre rejet et fascination, si l'incendie qu'il alluma il y a plus de 60 ans au sein des psychanalystes français continue de brûler, ce n'est pas de cet homme là dont il est question ici.

     

    Ce n'est pas de Lacan dont nous parle Sybille Lacan, d'une voix encore étouffée par le chagrin, la colère et le dépit, c'est du père qu'il fut pour elle, tragiquement absent. Et d'autant plus qu'il fut si présent à Judith, l'autre fille, la fille adorée, celle qui jamais ne porta son nom car elle était née d'un autre lit mais dont la photo, seule, trona sur la cheminée du cabinet du maitre, au 5 rue de Lille, durant des années.

     

      Sibylle Lacan a souffert d'être (si peu) la fille de Jacques Lacan, d'être la fille d'une femme déjà abandonnée, elle a souffert de n'être pas la belle et brillante Judith, et à la lecture de ce très court récit, fait de bouts épars mais d'une rare intensité, on comprend que ce chagrin d'amour n'est pas fini, que Sibylle sans doute aura été la femme d'un seul homme, la femme d'une seule et longue peine, et nul doute que pour un autre amour la place jamais ne se sera libérée, Sibylle sans fin reste la femme interminablement délaissée d'un homme toujours déjà perdu : son père.

  • Ais sur Kyoko, de Ryû Murakami

    kyoko.JPGJ’ai été agréablement surprise. Murakami (Ryû, pas Haruki Murakami , pour ceux qui ne suivent pas) est réputé pour ses romans crus et durs. J’avoue que rien que le titre des « Bébés de la consigne automatique » me rebute. Mais bon, j’ai commencé à entendre du bien de « Kyoko » (qui a pourtant 13 ans maintenant) un peu partout ces derniers temps, alors je me suis lancée.

    Je ne vais pas dire que ce fut LA découverte du siècle non plus. « Kyoko » est une histoire agréable, belle même, mais comme j’en ai vu et lu trop depuis quelques années, la mode ayant mis en avant les périples avec sidéens puis étant simplement passée. Car, en effet, ce roman raconte l’histoire d’une jeune, belle et innocente japonaise de 20 ans qui vient en Amérique pour retrouver l’homme qui lui a appris à danser à 8 ans et qui s’avère être atteint du sida, en phase terminale qui plus est. Attention, ce n’est pas pour autant une histoire triste ou mielleuse. C’est en fait un récit assez rafraichissant et innocent même. Mais bon, parfois peut-être de manière un peu exagérée. Parce que, sincèrement, au bout d’une centaine de pages, j’en ai eu un peu marre de lire que Kyoko est superbe, innocente, que le monde est sublimé par sa présence et qu’elle impose sans problème sa volonté naïve autour d’elle.

    A part ça, le récit m’a touchée, aussi bien par le style caméléon et très agréable de l’auteur que par l’histoire en elle-même, racontée de manière originale.

    Au final, un livre sensible, même s’il est loin d’être la découverte que l’on m’avait promise.

     

     

    RESTONS OBJECTIFS :

    La construction du récit autour de la perception que des personnes extérieures ont de l’histoire de Kyoko est très intéressante. En effet, l’évolution de l’histoire est racontée par les divers protagonistes secondaires qui aident Kyoko au long de son périple. C’est une manière intelligente d’offrir un petit plus à un récit qui aurait pu passer inaperçu s’il avait été raconté de manière plus traditionnelle.

  • Livre : The sign of four de Sir Arthur Conan Doyle

    doyle.JPGLe signe des quatre est ma première rencontre avec le célèbre détective Sherlock Holmes.
    J'ai eu des difficultés à lire ce livre en anglais, manquant par moment de vocabulaire, notamment pour tout ce qui est description des lieux et des personnages. Du coup, ma lecture de ce court roman policier a été fort longue, et j'ai failli abandonner pour l'acheter et le lire en français ! Finalement j'ai persévéré, et suis parvenue au terme de cette histoire.

    Je dois dire que j'aime énormément l'univers dans lequel nous plonge Sir Arthur Conan Doyle. La personnalité de Sherlock Holmes, les échanges entre lui et le Docteur Watson et les lieux choisis pour le déroulement de l'action m'ont absolument enthousiasmée ! Cette atmosphère si particulière qui nous parachute dans l'Angleterre de la fin du 19ème siècle est captivante.

    Mais venons-en à l'intrigue... En Inde, sous l'époque coloniale, un trésor a été découvert et un pacte passé entre quatre complices. Une jeune femme dont le père a disparu mystérieusement dix ans auparavant, vient solliciter le détective Sherlock Holmes pour une affaire bien singulière. Chaque année à la même date, elle reçoit une perle d'un expéditeur anonyme... Mais cette année-là, c'est une lettre étrange qu'elle reçoit...
    Sherlock Holmes va devoir démêler la pelote d'indices, non sans peine, ce qui le conduira sur la scène d'un crime. Commence alors la véritable histoire...

    Cette fort plaisante lecture m'amènera sans nul doute à lire les autres aventures du fameux détective, dans le bon ordre, cette fois, puisqu'il semble que j'ai commencé par le second volet de la série !

    Pour ceux que ça intéresse et qui parlent l'anglais, une video de Sir Arthur Conan Doyle filmée en 1927, dans laquelle il parle du personnage qu'il a créé

  • Avis sur le livre : El Ultimo Lector de David Toscana

    Un roman à trois facettes.

    ultimo.JPGEl Ultimo Lector, le "lecteur ultime", c’est celui qui va chercher dans la lecture la source de toutes choses. Pour lui, toutes les réponses à toutes les questions sont dans les livres.
    Lucio, bibliothécaire à Icamole, est un "Lecteur Ultime".
    Le roman de David Toscana nous fait partager son approche du meurtre et de la disparition d’une fillette.

    Cette thèse, absurde et sans intérêt, n’est pas le centre du roman.

    El Ultimo Lector est un prétexte pour assener leurs quatre vérités aux écrivains qui se laissent aller à la facilité des descriptions superficielles, à un langage verbeux et imprécis, à une projection fantasmée d’eux-même dans leurs romans et des mises en scènes non crédibles de faits qu’ils n’ont pas vécu et croient pouvoir inventer.
    David Toscana nous offre le plaisir de la dénonciation de ces écrivains de seconde zone qui polluent tant de rayonnages de bibliothèques.

    La troisième facette de El Ultimo Lector est la description de ce petit village pauvre du Mexique et de ses habitants. Intéressante, avec une certaine force d’évocation, mais sans grande originalité.

    Par contre, le gros défaut de cet ouvrage est le style, la forme.
    Si les phrases sont bien écrites (remercions le traducteur au passage), elles sont toutes mises bout à bout, sans séparations. A première vue ce n’est rien. Mais très rapidement, nous ne savons plus qui parle. Somme-nous dans El Ultimo Lector ou dans une autre œuvre que l’on cite etc.. Cela rend El Ultimo Lector désagréable à lire. Alors que respecter les conventions simples d’ouvrir des guillemets et d’aller à la ligne est le B-A BA de la rédaction au collège !
    Ce manque de considération de l’auteur pour son lecteur sera le seul véritable reproche que je ferais à El Ultimo Lector. Cela est d’autant plus dommage que, en plus du désagrément de lecture, cela fait perdre beaucoup d’impact et de force au roman.